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Avec le printemps, revoilà l’immense toile de tente posée sur la belle esplanade des Feuillants dans le jardin des Tuileries, à deux pas du musée des Arts décoratifs. Durant quatre jours, sous près de 5 000 m2 sont accueillis 67 exposants et attendus près de 50 000 visiteurs, collectionneurs chevronnés, amateurs d’art en passe de le devenir, marchands d’art et de design, galeristes et chalands…

Créé en 1997, le Pavillon des Arts et du Design (PAD) est en effet aujourd’hui l’une des foires d’art et de design les plus courues. Non pas que les galeristes internationaux y soient fortement représentés – « du côté des exposants, la manifestation est majoritairement française à Paris, anglaise à Londres et américaine à New York », s’amuse à préciser, lors de chacune de ces manifestations, Patrick Perrin, cofondateur du PAD il y a dix-huit ans avec Stéphane Custot. Mais parce que l’événement est sans conteste devenu un des plus importants panoramas internationaux du design historique et contemporain.

LE CONTEMPORAIN GAGNE DU TERRAIN

Au départ, la manifestation, qui s’appelait Pavillon des antiquaires et des beaux-arts, mélangeait toutes les spécialités et les époques en mobilier, arts décoratifs et peinture. Depuis, le design et les arts décoratifs des XXe et XXIe siècle y ont pris une place de choix. Le PAD a d’ailleurs été le premier à exposer du design contemporain. Désormais, la grande majorité des pièces présentées appartiennent de plus en plus à la deuxième partie du XXe siècle. Le design contemporain gagne ainsi assurément du terrain. Et même si Paris se distingue surtout par la qualité de son design historique, le vivier français de collectionneurs, conservateurs, historiens et connaisseurs passionnés est à Paris des plus stimulants.

Voilà donc un salon présentant un panorama éclectique, « à la française », précise encore Patrick Perrin, tout à la fois des pièces de mobilier et de design, dessins, peintures et sculptures, photographies, verrerie contemporaine, céramique, argenterie, orfèvrerie, bijoux et Arts Premiers… Tel un cabinet de curiosités dont le jury, présidé par l’architecte et designer Jean-Michel Wilmotte, a sélectionné avec attention chaque pièce. Il décernera quatre prix dont celui du PAD – ce dernier allant augmenter la collection du musée des Arts décoratifs de Paris.

À L’ENTRÉE, « LA MARE AUX FÉES »

Comme chaque année, la manifestation offre en guise de mise en bouche une œuvre inédite. Il s’agit cette fois d’une sculpture cinétique de l’artiste français autodidacte, Laurent Debraux, qui s’est fait remarquer lors du salon de l’art cinétique à Londres en mars 2013. La sculpture intitulée La mare aux fées, exposée à l’entrée du PAD, invite le visiteur à pénétrer sous la longue tente blanche et à s’accorder un temps de méditation et d’émotion en parfaite opposition artistique avec la course au temps qui caractérise notre millénaire. Avant de rentrer dans le cabinet éclectique…

Parmi les curiosités à ne pas manquer : les œuvres, à la frontière de l’art et du design, présentées par la galerie libanaise SMOGallery et la galerie française Torri, deux des cinq nouvelles recrues du PAD. Avec la première, il est question d’objet ou de meuble détourné de sa fonction.

Ainsi, la cuillère, accessoire de cuisine basique s’il en est, devient-elle sous les doigts de la designer libanaise Najla El Zein, une sculpture-lampe murale, la 4428 Spoons, constituée comme son nom l’indique de 4 428 cuillères.

La jeune créatrice, diplômée de l’école Camondo à Paris en 2007, avoue son penchant pour les matériaux anodins comme le carton, les cheveux, la laine, le papier et donc les cuillères, et sa fascination à leur donner une autre présence, à transformer le rudimentaire en objet unique, prenant la forme d’un animal aquatique, sorte de peau qui permet à la lampe d’adopter plusieurs facettes et couleurs. Quant à la Galerie Torri, elle dévoilera la nouvelle collection de mobilier, principalement des tables, de Victoria Wilmotte, en pierre lavique remplie de résine colorée, d’où son nom, Magma, en référence à la matière en fusion.

RETOURS GAGNANTS

Certaines galeries reviennent également au PAD. A commencer par celle d’Agnès Kentish. La galerie parisienne En attendant les barbares y présente des créations d’Elisabeth Garouste, Jourdan, Robin, Schmitt mais aussi une nouvelle version inédite d’un lampadaire du duo Garouste-Bonetti, couple mythique des années 1980, réalisé à la feuille d’or par l’ancien ferronnier de Diego Giacometti.

Côté céramiques, les galeries Anne-Sophie Duval et Mouvements Modernes exposent les artistes d’Après-Guerre, tels Elisabeth Joulia, Jacqueline Lerat et Valentine Schlegel. La première propose également un bel ensemble de pièces des années 1930. La seconde poursuit son travail d’exploration dans le domaine de la céramique contemporaine avec une belle sélection de pièces d’artistes comme Matthew Chambers, Cheryl Ann Thomas, Merete Rasmussen et Nicholas Rena.

Côté verreries, la nouvelle collection de mobilier et sculpture en Hommage à Brancusi présentée par la galerie Negropontes. Réunissant des créations du designer Hervé Langlais et des artistes verriers Perrin & Perrin, elle rappelle les principes créatifs chers au sculpteur roumain : simplicité des formes, jeu des assemblages et répétition des volumes. Dans un autre registre, de belles lampes du sculpteur-designer Yonel Lebovici (1937-1998) et un rare miroir comète de la grande créatrice de bijoux et d’accessoires de mode et de décoration de Line Vautrin (1913-1997).

CHAISES EN PORCELAINE, BÉTON, ET OS

Emblématique, la chaise n’est ici pas en reste. Signée du néerlandais Djim Berger, elle est en porcelaine et polystyrène à la galerie parisienne BSL. Une assise en porcelaine ? Un exploit que les professionnels croyaient jusqu’ici impossible. « Lightweight Porcelain » est une assise légère et résistante obtenue grâce à un mélange d’un tiers de porcelaine et de deux tiers de polystyrène dont le résultat est comparable à du nid d’abeille. Ailleurs, la chaise est en résine ou en bronze, signée du designer Matthias Bengtsson. En aluminium, laine et coton sous l’inspiration de Louise Campbell. Les deux exposés à la galerie Maria Wettergren. Mais la chaise n’a pas dit son dernier mot en matière de matériau au PAD, qui présente quelques spécimens en béton et fer (Modernity), et même en os, avec la Trident de l’artiste Rick Owens à la Carpenters Workshop Gallery.

Quant à la nouvelle star du design espagnol, Nacho Carbonell, présent dans l’édition 2013 et figurant déjà dans les collections des musées internationaux, il revient aux Tuileries plus star que jamais avec ses horloges, « ces pierres précieuses délaissées » à qui il donne le droit de devenir maitresses du temps et baptisées Time Is A Treasure. 

PAD, Paris Art+Design, Esplanade des Feuillants, Jardin des Tuileries, 234, rue de Rivoli, Paris 1er. Tarifs : 10 euros (étudiants) et 20 euros. De 11 heures à 20 heures, dimanche jusqu’à 18 heures, jeudi jusqu’à 22 heures. Du 27 au 30 mars.

Source Article from http://www.lemonde.fr/style/article/2014/03/24/le-pavillon-des-arts-et-du-design-un-cabinet-de-curiosites-a-paris_4388936_1575563.html
Source : Gros plan – Google Actualités

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