La terre (United Soybean Board/Flickr/CC)
Il brandit une poignée de terre. C’est con, ce symbole. Ça serait un truc calculé (genre, pour la presse), tu trouverais ça ridicule. Mais là, il est planté. Ses deux yeux brillent. Sa main tremble. C’est pas pareil. Tu vois la différence. Il n’est pas en train de poser. Il est en train de te raconter quelque chose. Une histoire de ventre. Une histoire de force. Une histoire qui le bouscule tellement que les mots se mélangent. Une histoire de terre, quoi. De sa terre. Ce bout de rien sur quoi il a grandi. Sur quoi il a travaillé et qui est toute sa vie depuis toujours.
Je vous préviens tout de suite : c’est pas une histoire gaie.
Et puis tant qu’on y est, autant vous prévenir franco : ça ne se passe pas non plus dans le bocage. Ça pourrait, mais non. Ça ne se passe même pas en France, d’ailleurs. Mais c’est pas grave. Ça se passe partout. Partout en Europe et partout dans le monde. C’est ça, les révolutions.
Dans sa main, une poignée de terre
Notre hôte est grand. Sec. Courbé. Moustache. Casquette rouge. Mains qui calent. Voix de foin. On l’a rencontré par hasard. Enfin, presque. Vous savez ce que c’est. Quand tu commences à ouvrir la porte, c’est l’ami d’un ami d’un ami d’un ami qui te présente un ami. Et là, c’est le père de cet ami. Si je suis complètement honnête, je dois confesser que je ne me rappelle même pas son prénom. Je n’ai pas pensé à le lui demander. Pas une fois.
Bref, il est là, devant nous, l’œil sec et le bras tendu. Dans sa main, il y a une poignée de terre qu’il vient d’arracher au sol de sa ferme. Une ferme fournie. En terrasse. Des vergers. Des céréales. Des vignes. Des pois. Des légumes. Des châtaigners. Des murs de pierre sèche. Une irrigation en cascade qui descend d’une source à qui il a donné un nom qu’il ne nous dira pas.
Tous les jours il y va. Tous les jours, de l’aube à 8 heures et de 6 heures au soir. Il coupe l’herbe. Il entretient les sols, les murs, les canaux. Il cueille. Il taille. Il récolte. Il fait tout, seul ou avec ses fils qui descendent à l’occasion pour des travaux plus dur.
C’est pas un bavard notre hôte. Plutôt le contraire. Ce que je vous raconte, c’est trois jours de discussions clairsemées. Les trois quarts de notre temps conjugué, nous les avons passé à nous taire. Nous taire à la maison. Nous taire autour d’un verre. Nous taire autour d’agapes. Nous taire dans des fêtes et des rites. Nous taire. C’est dire à quel point cette poignée de terre brandie devant nos yeux est un pic. On ne s’y attendait pas. Ça m’a cueilli. Ça m’a transi. Puis ça m’a cassé le dos. D’un coup.
« Tu sais combien je gagne ? »
« Tu vois, ça ? »
Il secoue le poing.
« Ça c’est six heures de mes journées. Trois le matin. Trois le soir. »
Il jette la terre au sol, crache.
« Et tu sais combien je gagne, à me casser les reins pour entretenir cette ferme ? »
Il allume une clope.
« Rien ! Que dalle ! »
Il tire une bouffée de cigarette et se retourne, face à la vallée. Du plat de la main, il nous montre les versants autour. Des cerisiers. Par centaine de milliers. Qui couvrent les collines jusqu’à perte de vue.
« Et pour une journée de huit heure, à faire l’esclave dans ces cerisiers de merde, tu sais combien je gagne ? »
Il se retourne vers nous, furieux. Menaçant de sa clope serrée entre l’index et le majeur
« Quarante euros par jour. »
Il crache au sol. Encore
« Quarante euros par jour ! »
Le dos tourné, il a déjà repris l’escalade des pentes de sa ferme. L’eau bruisse. Le vent souffle. Les fruits que personne ne mange pourrissent en tas diffus.
Défilé de brancards
Arbres fruitiers à Acongosta (Google Street View)
Trois jours que nous sommes là. L’excuse, c’était la fête du village. Une fête religieuse du plus bel effet. Celle de Notre Dame de la Conception, à Alcongosta, un bled minuscule à une jetée de Fundão, la capitale de rien du tout, au centre du Portugal. Nous avons suivi un ami, rencontré au fil de très nombreux hasards, qui nous avait longuement parlé de cet endroit. De cette fête. Des cerises. Du Portugal en général. Et de l’importance de voir vivre les gens loin des villes pour comprendre d’où vient l’Europe. Dans quoi trempent nos pieds.
On l’a suivi chez lui. Enfin dans le village où il a grandi. Chez son père, son frère, sa tante et sa vieille grand-mère. Une adorable nonagénaire bigote et brisée en deux.
Alcongosta est un village anodin vivant jusqu’il y a peu de fermage et de conserveries. Une terre boisée et riche, tempérée. Pas grand chose à en dire, en somme.
La fête annuelle de Notre Dame de la Conception donne lieu rituellement, chaque année depuis des éternités, à un défilé de brancards aux couleurs de pauvres Saints percés de mille maux. La place des processionnaires dans la marche, leurs fringues, leur aptitude à porter telle ou telle statue, leur rôle dans les chœurs ou auprès du célébrant : tout répond à une hiérarchie dingue, visant à situer chacun vis à vis de tout le monde dans une communauté minuscule où tout le monde s’occupe à s’épier quotidiennement. Devant, avec la vierge : les propriétaires, en chapeau et cravate, leurs mômes solistes aux cantiques. Les notables viennent ensuite, avec Saint Roch et Saint Sébastien – leurs gamins thuriféraires. Puis viennent les fermiers, les commerçants etcaetera…
Une déferlante d’espoir
Nôtre hôte, le père de l’ami de l’ami de l’ami…, a marché bon dernier le soir de la procession. N’a chanté aucun chant. N’a porté aucun statue. Etait vêtu des fringues de tous les jours – exception faite d’une casquette neuve. Il n’a même pas tenté de feindre un soubresaut de ferveur. Rien. Mais il a marché quand même. Il a fait la procession. Même à peine occupé à s’allumer une clope sur l’autre : il s’est montré dans la fête. A situé sa place dans la hiérarchie du groupe. Lui et une bande d’autres du même acabit : les derniers. Les bons derniers. Ils se sont affichés.
Fut un temps ou ce village, avec des milliers d’autre, n’était qu’un rassemblement de fermes vivrières éparses. Les paysans s’occupaient d’abord à manger et à faire manger leur famille, avec plus ou moins de bonheur en fonction des lubies du gouvernement qui – au Portugal comme ailleurs – s’est pas mal acharné au cours des siècles à envoyer les plus valides se faire massacrer dans des guerres aussi imbéciles que lointaines.
Puis le pays est, ce jour magnifique de 1974, sorti du marasme. Un élan d’un courage, d’une beauté, d’une vitalité inégalé. La plus belle des révoltes jamais accomplie. Dans les villes, dans les campagnes, tout le monde s’est pris à rêver. Le Portugal triomphait. Rejoignait le monde à nouveau. Reprenait enfin sa place de creuset d’âmes, de poètes, de génies, d’explorateurs.
Un souffle. Un cri. Une déferlante d’espoir.
Ça a duré, au mieux, un tout petit peu moins d’un an.
Puis tout le monde a compris que le reste monde regardait leur pays un peu d’en haut. Qu’il était désormais question de retard à rattraper. Se mettre au pas. Marcher en rang. Et qu’il allait falloir mettre les bouchées compétitives double pour rejoindre l’Europe en préfiguration.
En quelques années, le paysage a changé
La génération montante de politicien a très vite commencé à développer ce qui deviendrait le style imperturbable des élus portugais des différentes majorités depuis la révolution : une soumission sans retenue aux impératifs de Bruxelles.
Et voici nos paysans d’Alcongosta soudain mis au pied du mur. Vos antiquités, là : c’est fini. La polyculture, l’agriculture vivrière, c’est le moyen-âge, les gars. Aujourd’hui : c’est l’agriculture commune, ok ?
Tous les propriétaires terriens se sont vus largement incités à convertir leurs exploitations en vergers intensifs, pour répondre à la politique européenne de zonage des années 80. La région de Fundão serait désormais intégralement dédiée à la cerise. En quelques années, le paysage a changé. Radicalement. Les flancs de la Serra da Gardunha se sont couverts d’arbres. Des milliers d’arbres. Des milliers de milliers de tonnes de cerises. Chargées sans relâche dans des semis à bloc, partant saisonnièrement vers les quatre coins de l’Europe. Et du monde.
Les paysans de Fundão sont devenus agriculteurs. Puis exploitants agricoles.
Comprenez-moi : je ne fais pas un cours d’histoire. Ce serait malvenu. Ni raconte un moment rien de plus. Ni moi, ni mon hôte ne connaissons vraiment les processus qui se trament. D’où que ça vienne, la vérité c’est que si vous allez aujourd’hui à Alcongosta, vous ne verrez que des arbres. Des arbres et des usines de conditionnement. Et des routes très larges pour laisser passer les camions.
Au printemps, c’est une féerie de fleurs et de gasoil.
Personne n’a l’air saoul
A peine posé le pied dans le village de notre ami. On a compris au pas de course les règles de l’hospitalité du coin. Les trois jours qui arrivent : c’est la fête. Et des fêtes, dans l’année, y’en a pas lourd. Alors vous êtes les bienvenus, mais suivez-nous bien. Venez pas entraver notre rythme.
Et le rythme en question : accroche-toi !
Les tournées se succèdent à un rythme de fin du monde. Des bières. des martinis-bière. De la bagaço. Des liqueurs. Du vin blanc. Du vin rouge. Vert ou mature. Tu n’a pas posé ton verre qu’un autre se remplit déjà.
Les troquets débordent de monde. Les hommes sont là, du matin jusqu’au soir, qui se taisent et sourient très peu. Aux heures des repas, les femmes descendent les unes après les autres pour tirer leurs moitiés par la manche, les arracher au match, au comptoir ou à leurs non-causeries prolongées.
Personne n’est vraiment saoul. En tous cas : personne n’en a l’air. Personne n’a l’air triste non plus. Ni heureux, d’ailleurs. On baigne dans un air de devoirs et de dûs. Pas festif. Pas vraiment. Le défilé, les fringues, la bouffe, les quantités déraisonnables d’alcool : rien n’est fait par pulsion. Tout semble répondre à des règles de fond. Immuables. Les mêmes qui tisonnent tous les villages du monde. C’est comme ça. on nous le répète assez « um homem tem que fazer o que um homem tem que fazer. » Un homme doit faire ce qu’un homme doit faire. En l’occurrence, pour la fête de notre dame de machin-chose : boire, manger, prier.
Et ne tente même pas de payer un verre à quiconque. Sacrilège insensé. Notre hôte nous le martèle, sans rire, en nous menaçant de sa clope : « Na minha terra, pago eu. »
C’est ma terre.
C’est moi qui paye.
Montre-moi qui tu es
Le soirs, après des repas-monuments, on se retranche dans les caves pour boire et manger tout ce qu’il est possible de fabriquer d’alcoolisé à partir de cerise. Notre hôte est toujours là, qui ne parle jamais. Qui allume ses clopes les unes au bout des autres. Même son fils – notre ami – ne lui parle qu’à peine. Ce pourrait être rédhibitoire, ça ne l’est pas. Au contraire : c’est d’une chaleur de four solaire.
Ça sert à quoi d’accueillir dans des plats du dimanche, des nappes neuves et des vitres lavées ?
Je t’accueille : je te montre qui je suis, où tu es. Dans mes rues. Dans ma cave. Dans mes troquets. Je te mens pas. Je te fais confiance.
A ton tour maintenant : montre-moi qui tu es.
Voilà le projet.
Eau de vie de cerise. Cerise fraîches à l’eau de vie. Cerise sèches à l’eau de vie. Liqueur de cerise. Bière à la cerise. Martini-cerise.
Tous les soirs : il est trois heures. On parle haut. On dit des trucs qui nous dépassent.
Puis un matin, il faut aller à la ferme.
Impacts de fruits sur le sol
Notre hôte tenait absolument à nous la montrer. A nous la faire visiter devant ses fils. Va savoir. Un pas de plus dans l’hospitalité. On s’entasse à dix dans le pick-up chinois. Seaux, tenailles et mal de tête.
Cette ferme, c’est celle de la famille. Comme d’habitude : une histoire de générations qui se succèdent et se rejoignent.
Son père, son grand père, son arrière grand-père… bla bla bla. On s’en fout. C’est connu. Même lui y passe peu de temps. Ce qu’il veut vraiment nous faire comprendre, en revanche, c’est qu’il a passé la première moitié de sa vie à les faire fructifier, ces arpents. A en vivre. A en faire vivre d’autres. A remonter les murets, entretenir les terrasses, améliorer le rendement par des tailles et des choix de récolte.
Tu vois ce sentiment, quand quelqu’un te montre un tableau qu’il a peint, un poème qu’il a écrit, et que t’es embarrassé parce que tu trouves ça un peu gland ?
Ça m’a fait ça au début, dans cette ferme. A l’arrivée. Je n’ai vu que les arbres en vrac, les herbes immenses, les tas de compost et les impacts de fruits sur le sol.
Et puis les heures passent. Et syllabes traduites par syllabes traduites, on commence à comprendre. La patine se frotte. Elle s’estompe.
Il s’est acharné pour sa ferme
Lui n’a jamais voulu quitter cette agriculture à papa. Quand tous ses collègues ont commencé à aligner leurs cerisiers d’Amérique, il a levé les épaules, craché vers le bas et allumé des clopes. Idiotie. Ils verront. Il est resté sur ses terres, à lever des pierres sèches et cultiver ses légumes. Pour lui. Pour les autres.
Mais ça a pris, bon dieu. Ça a pris. A grand renfort de pognon, de primes et d’incitations, la région a fini par se mettre très vite au milieu du commerce. A inonder le marché de cerises énormes. Et petit à petit, il s’est retrouvé tout seul, dans sa ferme. Avec sa femme et ses fils. Tout seul au milieu d’une forêt de vergers.
Et les légumes ont commencé à venir de Hollande ou d’Espagne. Enormes. Bombés. Réguliers. Des aubergines en janvier. Des prix exaspérants. Qu’est-ce qu’il pouvait faire, lui, pour lutter ?
Il s’est acharné. Acharné. Acharné. Il ne te dira pas pourquoi. L’instinct. La connerie. Va savoir. Mais il s’est acharné pour sa ferme. Il a gardé ses châtaignes.
Il n’a pas mis un seul cerisier.
Et tout autour de lui, ses voisins prospéraient. L’Europe déversait sur la région ses tombereaux de biffetons. Pour tous, c’étaient les belles années. Les crédits. Les bagnoles. Les maisons. Les plats surgelés. Les logos sur les camions. La vie, quoi.
Plus un rond. Plus une joie
Pour notre hôte, c’était la dépression. Plus un rond. Plus une joie. La femme qui fout le camp avec un acteur de cinéma. L’aîné qui part en ville en se foutant des terres. Le cadet qui reste, pour les cerises et les euros. Les traites. Le toit de la maison qui se pète.
Un matin, il se lève, se regarde, soupire… et va frapper chez le voisin.
Depuis dix ans, il est devenu ouvrier dans les cerisaies des autres. Son patron, il le déteste. Un gros con parvenu qui rentre à peine par la porte de son 4×4, mais qui défile en tête de la procession, à l’ombre de Notre Dame, avec tous ses enfants, confits de si belle piété.
Pour 40 euros par jour, sans contrat, sans avenir, il entretient les arbres, traite, met les engrais, chasse les piafs, prépare les rangées et organise les récoltes mécanisées. De 8 heures du matin à 6 heures du soir.
Le reste du temps, il le consacre à sa ferme. De 5 heures à 8 heures puis de 6 heures à 9 heures. Il entretient ce qu’il peut. Court seul après les mauvaises herbes. Les effondrements. Les écoulements. Les rythmes de taille. Il ne récolte plus rien – ou quasiment : juste ce qu’il faut pour lui et ses quelques amis. Il ne cherche plus à vivre ou faire vivre : il le fait pour le maintien de la ferme. Pour que ce ne soit pas perdu.
Le soir, c’est balloche
Et – qui sait – quand tout se pètera la gueule, qu’il n’y aura plus de camions, plus de marché, plus de cerises, plus de logos au dos des camions… Peut-être que tout le monde sera content qu’il reste au moins la ferme du vieux con, avec toute se prospérité minable, son eau pure, ses olives et ses terrasses de pierre.
Ça dure longtemps, la visite.
Il frotte la poussière. Camoufle les trous. Ajuste les débris. Nous montre où regarder.
A la fin de la visite, la ferme hirsute est un diamant taillé.
Le soir, c’est balloche. Et là, attention les oreilles. Au Portugal, pas une fête sans musique Pimba : assourdissante poubelle à son sertie de grivoiseries. Boîtes à rythmes et midinettes vêtues de trois paillettes. C’est comme ça. « Um homem tem que fazer… ».
L’une de ces égéries, venue de Lisbonne, assène à trois reprise ce tube rappelant au bon peuple de 2012 que le Portugal est le pays des grands conquistadors, qui ont mis l’Amérique sur les cartes et l’Afrique sous des bottes. Tout le monde danse en se marrant très fort. Sur des grandes tables : des sardines grillées, du pain broa, des olives du vin et de la bière. La convivialité froisse les nappes de papier. On est les stars : venus de loin pour Notre-Dame de machin-chose. On se fait des amis par paquet de douze. Tout le monde est rassemblé : les endimanchés du dessous de la vierge comme les ceux-de-la-queue. Les migrants revenus de France ou du Luxembourg pour pavoiser un peu. C’est une vraie fête. Une vraie fête.
Notre hôte est là aussi. Qui parle un peu. Qui fume surtout. Qui boit beaucoup. Quasiment seul et en silence. De temps en temps, il fait des confidences à son fils, à des amis qui passent, l’air aussi grave que lui. Peut-être ils sont plusieurs dans sa situation. A avoir loupé la marche du milieu des années 80.
Cet homme et sa terre m’ont rendu triste
La nuit se déroule : mémorable. On se rencontre. On se perd. On chante. On se promet des choses qu’on ne tiendra jamais. Au copain qui nous a fait venir, je dis au moins cent fois que son père est sublime. Un héros. Un symbole. Mais il se fout de moi. Lui a mis des années à l’aimer, son père. A comprendre ce qui se planquait derrière les lèvres serrées. La moustache. La visière baissée. Et cette putain de ferme qui lui a pris son enfance…
On est parti le lendemain, dans sous la haie d’honneur des voisins venus rafistoler notre voiture cacochyme qui refusait de partir. Notre hôte s’est reflété une dernière fois dans le rétro. Les yeux baissés, clope aux doigts, cognant du bout du pied des débris de la rue.
Pour revenir du Portugal, tu traverses l’Espagne devenue un désert, glauque, dressé de serres et de tunnels à poulets.
De retour dans l’Allier, tu comptes les bouchures en moins. Les fermes fermées.
La ferme d’Alcongosta, elle existe partout en Europe. Broyée dans la batteuse de la PAC et du marché commun.
Je n’ai pas grand chose de plus à en dire. Cet homme – bon dernier dans la procession de la vierge – et sa terre – bonne dernière de la réforme agraire – m’ont rendu triste pour bien longtemps. Mais je sais que je touche un sujet qui me dépasse. Bien sûr c’est pas si simple. Bien sûr ils sont légions à se défendre, à réduire la taille des exploitations. A diversifier leurs cultures. En attendant, à Alcongosta, le fermage c’est fini. Et pour longtemps. Va donc arracher ces dizaines de milliers de cerisiers.
« C’est eux les ploucs, aujourd’hui »
Les campagnes se vident. En France. En Europe. Dans le monde. Les populations s’entassent autour des villes. Et c’est une belle connerie. On le sait. Mais on le fait. On mange des cerises de Fundão parce qu’elles viennent en avril. Des melons espagnols à moins de 1 euro. Et c’est une belle connerie. On le sait. Mais on le fait.
Je parlais avec un copain éleveur, l’autre jour. Qui me disait :
« Quand on s’est installé, dans les années 70, tous les copains nous traitaient tous de pauvre ploucs. Et aujourd’hui, ils se démènent pour venir passer un week-end chez nous dès qu’ils peuvent. Ils sont épuisés. Malades.
Tout est compliqué chez eux, en ville : sortir, aller faire des courses, aller à la poste… Tout prend du temps. Et nous on est là, pas bien riche, mais vraiment pas à plaindre. Plutôt fiers de nos vies. C’est eux les ploucs, aujourd’hui. Plus nous ! »
Sans doute. Mais plouc ou pas plouc, notre hôte au milieu des cerisiers, il s’en moque. Lui et sa ferme, ils ont perdu la bataille. Pour de bon.
A Fundão comme ici, les printemps bat son plein. Les saisons redémarrent. Tous les poids-lourds d’Europe font chauffer leurs moteurs.
Source Article from http://blogs.rue89.nouvelobs.com/rural-rules/2014/05/03/tu-sais-combien-je-gagne-entretenir-cette-ferme-rien-que-dalle-232800
Source : Gros plan – Google Actualités
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