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Mikhail Khodorkovski : « Ma vie derrière les barbelés » – Le Monde

Mikhaïl Khodorkovski lors d'une audience en août 2008.

J’ai retrouvé Mikhail Khodorkovski à Zurich, dans un restaurant. Il a accepté de me donner sa première interview depuis la conférence de presse à Berlin. Au menu, peu de politique : l’homme libre qu’il est depuis le 20 décembre 2013 ne veut ni se répéter, ni en dire davantage à ce sujet. La discussion porte sur un thème autrement plus grandiose. C’est un thème russe. La prison, l’univers du camp, la « zone » comme disent ses habitants. Cet homme de 50 ans au sourire encore timide fut jadis le plus riche de Russie. Puis, pendant dix ans et trois mois, il fut le « zek » Khodorkovski, un prisonnier très particulier.

Le monde croyait que vous n’en sortiriez jamais…

… C’est aussi ce que je pensais ! Quand on vous promet quelque chose de positif, il vaut mieux ne pas y prêter attention, ne pas se réjouir. Parce que si l’on se réjouit en vain, c’est dur ensuite. Chacun a sa manière de réagir psychologiquement. La mienne est de vivre en suivant le principe « ne crois pas, ne crains rien, ne demande rien ». C’est la raison pour laquelle, s’ils ne m’avaient pas demandé de rédiger ma demande en grâce, je ne l’aurais pas fait.

Qui vous l’a proposé ?

Hans Dietrich Genscher [ancien ministre allemand, membre du Parti libéral démocrate]. Pas personnellement, bien sûr. Par l’entremise d’un avocat. Mais je savais que Poutine était derrière.

Et comment le saviez-vous ?

Je le savais. Je l’ai entendu. Je l’ai lu. Les détails importent peu ici.

Et pourquoi Poutine a-t-il donc décidé de vous libérer ?

Je pose la même question à tout le monde. J’ai ma propre version des choses, qui tient un peu de la théorie de la conspiration, c’est vrai. Je pense que l’entourage de Poutine, en tout cas une part de son entourage, a pris un peu trop ses aises au gré du président. C’était une façon de démontrer à des gens très précis qu’ils ne peuvent pas toujours influencer les décisions du président. On m’a rapporté que certains d’entre eux ont même appris la nouvelle par les médias. Il prend seul ses décisions. Je ne suis pas certain que ce soit un bon principe pour diriger le pays. Mais dès l’instant où vous avez construit une structure de pouvoir verticale, les choses se passent en conséquence. (La serveuse du restaurant lui sert une soupe de poisson fumante. Il sourit)

Et là-bas au camp, la nourriture était chaude ou froide ?

Dans la « zone » ? Là bas, les repas sont chauds. Tout ce qui tient à la nourriture, chaude, froide, bien préparée ou non, tout cela dépend des prisonniers. Ce sont eux qui sont à la cuisine. Par conséquent, s’ils servent les repas froids ou s’ils cuisinent très mal, les conflits sont immédiats. Pour la nourriture, c’est assez correct. Bien sûr, le choix des aliments à disposition n’est déjà plus du ressort du cuisinier.

Vous avez été arrêté il y a plus de dix ans. Vous étiez alors dans votre jet privé, en voyage en Sibérie…

Oui, nous faisions escale à Novosibirsk pour remplir les réservoirs. Nous avons attendu, attendu, puis notre avion a été déplacé sur un emplacement éloigné et nous avons remarqué que nous étions encerclés par des hommes armés. On pouvait les voir par les hublots, c’était en début de soirée. Ils étaient à 50-100 mètres.

C’était une surprise ?

Une surprise à laquelle je pouvais m’attendre. J’avais reçu une convocation du procureur à titre de témoin. Sincèrement, je pensais alors qu’ils attendraient mon retour à Moscou le dimanche suivant. La date de convocation était passée, mais je leur avais indiqué que je m’y rendrais dès mon retour de voyage d’affaires. J’étais en route pour Irkoutsk et l’Arctique. Je me suis dit : dès mon retour, je me présenterai. Mais ils ont préféré agir de cette façon. Ce n’était pas une arrestation, remarquez. C’était une convocation de témoin ! C’est ainsi que les unités d’élite du FSB convoquent les témoins. (Il sourit)

Mais lorsque vous avez vu qu’ils encerclaient votre avion, à quoi avez-vous songé ?

En revenant de mon dernier voyage professionnel à l’étranger, je m’étais bien rendu compte que le risque était devenu important. Et en partant pour ce voyage en province, je savais que mon sort était sans doute réglé. Mais rien n’était complètement sûr, je comptais encore sur un 20 à 30 % de probabilité d’y échapper. La suite a montré qu’il en irait autrement.

Qu’avez-vous ressenti lorsqu’ils ont pris l’avion d’assaut ?

Il n’y a pas eu d’assaut. Ils sont montés tranquillement à bord. Personne ne s’est précipité, personne n’a crié.

Pas de « tout le monde à terre, couchez-vous ! » ?

Légendes ! Ces hommes n’étaient pas des inconnus. Ils avaient envoyé des gens que je connaissais, pour éviter tout conflit. Je ne dirais pas que c’étaient des amis, mais je les connaissais. Et j’ai compris que s’ils m’envoyaient une unité spéciale du FSB, ce n’était pas par hasard. Bien sûr, quelque chose pouvait encore changer à Moscou, mais cet espoir était maigre et je vous ai dit que je n’aime pas me bercer d’espoirs. C’est pourquoi je me suis aussitôt mis à réfléchir à ce que je devais dire, aux choses que je devais remettre. Par exemple, j’ai confié mon alliance, mon mobile et mon ordinateur à mon avocat. Ils ne m’ont rien saisi. Et jusqu’à Moscou, durant ces quatre heures de vol, j’ai eu le temps de réfléchir à l’attitude que je devais adopter, à la gestion de mon entreprise durant mon absence. Je me suis concentré sur des questions terriblement pratiques.

Un moment précieux pour vous…

Oui, ils m’ont offert une occasion précieuse. Mais vous savez, personne ne m’a jamais sérieusement interrogé. Ils n’ont jamais fouillé ma maison. Et lors de la deuxième enquête ouverte contre moi, j’ai demandé pour rire un interrogatoire complémentaire. Ils l’ont refusé : « Pourquoi devrions-nous en savoir trop ? », ont-ils dit.

Comment se passe votre arrivée au camp ?

La première « zone » dans laquelle je me suis retrouvé était une zone noire….

Une zone noire ? C’est-à-dire ?

Il y a trois types de zones dans l’univers des camps. Trois catégories de règles internes, si vous voulez. La zone noire, la zone rouge et la zone de régime. La zone normale, c’est la zone de régime. Les règlements et les lois s’y appliquent de A à Z. Dans la zone noire, ce sont des détenus de droit commun qui commandent.

Les fameux « vory v zakone » ?

De nos jours, il n’y a plus tant de « vory v zakone » que ça. Disons qu’il s’agit plutôt de figures du crime, des « autorités » qui exécutent ce que l’administration du camp leur dit de faire. Mais l’administration pénitentiaire est toujours en retrait, cachée derrière leur dos. Et dans les zones noires, ce ne sont pas les règlements officiels d’ordre interne [ROI] qui s’appliquent, mais la « Notion ». Dans la zone rouge, en revanche, l’administration utilise des zeks, des prisonniers, pour gérer les autres détenus. Il n’y a pas de loi, ou plutôt c’est celle des détenus eux-mêmes : bastonnade et ainsi de suite. Dans la zone rouge, pas de « Notion », c’est ce qu’on appelle le bordel, l’arbitraire complet. Les règles sont complexes et connues. Ainsi, dans la zone noire, on ne parle pas le « mat ». Dans la zone noire, tout ou presque est possible. A certaines conditions, dans un camp noir, le détenu peut sortir de sa baraque et aller se promener. Pas trop loin quand même. Ce qui est impossible en zone de régime. Dans le camp noir, le cuisinier peut mettre de côté quelques aliments qui lui conviennent, les apprêter pour l’administration du camp et ne pas s’oublier au passage. Dans une zone de régime, c’est exclu, tout y est absolument différent.

Et où vaut-il mieux se retrouver ?

Pour un détenu habituel, soit 90 % des prisonniers, l’ordre qui règne dans le camp de régime est préférable. Pour les 10 % qui disposent de quelques ressources ou d’une autorité particulière dans la pègre, la zone noire vaut bien mieux. Ils y disposent du téléphone, d’aliments, de vodka, de drogue. Quant à moi, c’était égal…

Et qui vous a expliqué tous ces usages, le mode d’emploi de la zone ?

Les Russes ont une idée assez claire de ce qu’est la prison. J’ai lu Soljenitsyne et Chalamov. Et avant de me trouver dans la zone, j’ai passé deux ans en préventive. Plus concrètement, quand vous arrivez dans la zone, on vous dit tout de suite que vous êtes dans une « noire », par exemple. L’adaptation se fait progressivement. D’abord, on se retrouve en « quarantaine », dans un baraquement à l’écart, où un détenu local expérimenté, un « moujik » m’a tout expliqué en détails à mon arrivée. C’est une instruction au sens littéral du terme. Auparavant, le système était différent : le prisonnier passait par la baraque d’adaptation où, séparément, l’administration pénitentiaire et celui que l’on appelle « l’Observateur » évaluaient le comportement de l’arrivant. Il s’agissait de comprendre à qui on avait affaire afin de déterminer ensuite la place du nouveau-venu dans la hiérarchie du camp.

Vous êtes donc rapidement entré dans le moule…

Je n’ai pas été surpris. A une exception. En arrivant au camp, j’ai été convoqué devant une commission d’attribution, où l’on décide de ce que l’on va faire du prisonnier dans la vie du camp. Et là, le chef me demande : « Vous êtes qui dans la taule ? »

C’est-à-dire ?

Oui, le commandant lui-même me demande : « Vous êtes qui dans la taule ? » [Autrement dit : quel est votre rang dans le monde de la pègre]. Je l’ai contemplé, muet de stupeur. Si ce n’avait pas été le commandant de l’établissement, j’aurais peut-être compris. Mais cette question, ce vocabulaire, dans ce bureau officiel… Je ne m’attendais pas à ce qu’il parle en argot des camps. Il y a eu comme une dissonance cognitive. (Il sourit)

Et qu’auriez dû vous répondre ?

Il ne manque pas de réponses possibles. Chaque catégorie de prisonniers est baptisée par une « couleur » [comme aux cartes]. La couleur la plus basse se résume à toutes sortes de sobriquets insultants, les « déchus », par exemple. Ensuite, il y a les « laquais », les « moujiks », et ainsi de suite.

Et vous-même, qu’étiez-vous ?

Quand on a abordé le sujet, je leur ai dit : « Les gars, il va vous falloir corriger votre système, parce qu’une nouvelle “couleur” est apparue dans les prisons russes : les prisonniers politiques. » Et la différence est capitale. D’un côté, contrairement au détenu réglementaire, je n’ai pas de difficulté à contacter l’administration pénitentiaire. Je peux tranquillement l’apostropher, adresser une plainte au procureur ou au tribunal, ce qu’un détenu habituel ne peut pas faire. Mais de l’autre côté, je ne suis pas non plus de la catégorie de ceux qui travaillent pour l’administration, ceux que l’on appelle… je préfère taire leur nom…

… les « putes » ?

Oui, oui, oui. En ce sens, je n’ai pas de contact privilégié avec l’administration, ai-je précisé. Et il n’y a rien dans mes relations avec l’administration dont je devrais avoir honte. Mes compagnons ont compris. Ce sont des gens sensés. Ils ont simplement décidé que j’étais un extraterrestre. La vie du camp est ainsi faite : toutes sortes de gens y vivent et parmi eux un extraterrestre. Et on peut faire avec. On lui pardonne aussi beaucoup.

C’est-à-dire ?

L’administration pénitentiaire avait par exemple la hantise que l’on me photographie dans le camp. J’étais en zone noire. Des détenus avaient des téléphones et donc de quoi me photographier. Un jour, un type me dit : « Je peux te prendre en photo ? » Je réponds : « Vous savez que vous n’échapperez pas aux problèmes ensuite ? » « C’est mon affaire, je m’en occupe », ajoute-t-il. « Très bien, lui ai-je dit. Mais je ne te regarderai pas, je ne t’ai pas vu me prendre en photo. » Je suis un homme prévoyant. Je n’avais pas envie du tout que l’on m’assaille des habituelles séries de questions stupides. Il a pris la photo, elle est parue dans un magazine et il en a tiré 300 dollars, pas si mal pour un détenu. Mais dans le camp, ce fut aussitôt le branle-bas de combat. Et pas des moindres. On me convoque à l’administration du camp : « Qui vous a photographié ? » « Qu’est-ce que j’en sais ? » fut ma réponse. Après quelques menaces, je m’en suis tiré. Mais écoutez la suite : quelques temps plus tard, je suis à nouveau convoqué. Mais cette fois au « Kremlin ». Dans chaque zone, il y a un « Kremlin », c’est la baraque où loge « l’Observateur », le caïd du camp.

Et vous pouvez ainsi vous rendre d’une baraque à l’autre ?

Non, justement, c’est formellement interdit. « L’administration a donné son feu vert », m’a-t-il dit. Je me rends donc au « Kremlin », où m’attend Pacha le Mongol, notre « Observateur ». Un garçon tout ce qu’il y a de plus normal, 26 ans, et donc probablement un casier déjà chargé. Et le voilà qu’il se met à m’interroger comme les gardiens du camp auparavant : qui a pris la photo, comment ? etc… « Pacha, lui ai-je dit, pourquoi pensez-vous – j’ai toujours pris garde à vouvoyer les gens – donc que je devrais vous répondre. » Mais au camp, chacun sait ce qu’il en coûte de ne pas répondre à ce personnage-là. Et pourtant. Nous sommes restés debout à nous regarder fixement. Puis il m’a dit : « Bon, venez donc visiter ma baraque. » Et nous voilà partis. Voilà comment, dans la zone, les rôles se répartissent.

Vous êtes-vous parfois senti menacé par les autres détenus ? Ou par l’administration ?

Non. Je ne me suis pas fait de bile, et surtout pas à ce propos. A quoi bon ? Qu’est-ce que j’aurais pu faire pour me protéger ?

Pourquoi ne vous a-t-on pas tué ? En utilisant un détenu par exemple ?

La réponse est simple : Poutine l’avait interdit.

Vous en êtes sûr ?

Disons que c’est une supposition fondée de ma part.

Vous pensez que l’administration du camp savait qu’il fallait prendre garde à vous, vous porter une grande attention ?

Oui. Je ne m’en suis pas rendu compte tout de suite. Mais après six mois j’ai compris qu’il y avait une stricte interdiction de me toucher.

Dans la zone noire, vous avez pu parfois téléphoner ?

On me l’a proposé, évidemment. J’ai toujours refusé. Je savais que c’étaient autant de provocations.

Et si vous l’aviez fait ?

La cellule d’isolement m’attendait. Je m’y suis tout de même retrouvé, cinq, six ou sept fois, je ne m’en souviens plus. Une petite pièce, une couchette attachée au mur, une borne où s’asseoir. Rien de très agréable. Un endroit où il faut faire preuve de self-control.

En plus de dix ans, vous avez fréquenté des centaines de détenus. Selon vous, combien parmi eux sont innocents ?

Tout à fait innocents ? Je dirais 10 %. D’un camp à l’autre, la situation peut être très différente. Dans le deuxième camp où j’ai été détenu, en Carélie, il y avait beaucoup de travailleurs immigrés, peut-être 70 % de l’effectif des prisonniers. Et parmi eux, beaucoup de gens « chargés » de délits qu’ils n’ont pas commis. Ce sont autant de coches pour la statistique criminelle. Et de préférence, on s’en prend à ceux qui ont déjà séjourné en prison ou dans la zone.

Et après toutes ces années derrière les barbelés, en quoi votre regard a-t-il changé ?

J’ai vu à quoi menaient la vodka et les drogues (il est soudain ému). L’horreur ! L’horreur ! J’en ai parlé avec certains « Observateurs » que j’ai rencontrés. Eux-mêmes interdisent que l’alcool soit distribué dans la zone, cela doit rester réservé à un petit cercle de privilégiés. « Sinon, m’ont-ils expliqué, nous ne pouvons plus contrôler la zone. » Et tous ces gars gentils, polis, respectueux en temps normal lorsqu’ils sont sobres, peuvent soudain quitter le monde réel après avoir bu un verre. Là-bas, j’ai fait la connaissance d’un type magnifique lorsqu’il était sobre. Deux meurtres. Les deux fois lors d’une cuite. Il me disait : « Je me fais peur à moi-même. Je vais sortir, je vais boire et je n’échapperai pas à la troisième fois. Alors, je partirai pour toujours. »

Durant votre détention, vous avez publié bon nombre d’articles dans la presse russe et internationale. On vous y sent changer peu à peu de perception du monde. Vous parlez de vos nombreuses lectures, de vos découvertes intellectuelles. Que s’est-il réellement passé en vous ?

Pour ne pas déjanter, ni perdre le fil de la vie durant ces longues années de prison, je me suis donné pour but de saisir ce qui peut arriver à l’homme, je me suis contraint à lire des revues sérieuses, des ouvrages de philosophie ; je mentirais en disant que cela me plaisait, je me suis forcé. Et peu à peu, j’ai constaté que sur un thème ou un autre, quelqu’un avait réfléchi bien plus avant que moi, que seul, je ne serais jamais parvenu à me porter aussi loin. C’est une curieuse impression que de pouvoir lire sur ce qui vous paraissait inatteignable. J’ai plongé dans la littérature, je n’avais jamais lu autant auparavant. Je ne savais presque rien de l’histoire de Russie, par exemple. J’ai découvert un auteur français, une femme, et sa théorie sur « l’inaccessibilité du but ». Remarquable. Elle arrive à la conclusion que le but est souvent inatteignable et que ce qui importe, ce sont les moyens de s’en approcher. Le chemin. Il faut parler des moyens. Des moyens moraux rendent le but moral. Et des moyens immoraux rendent le but immoral, indépendamment de ce qu’il semblait être initialement.

Pensez-vous parfois au juge Danilkine, qui vous a condamné à quatorze ans de prison ? Que pensiez-vous de lui lorsque vous l’observiez depuis votre cage de verre au tribunal Khamovnitcheski ?

Au début, je me suis demandé s’il comprenait ce qui se passait. Après six mois, il est devenu évident qu’il comprenait parfaitement. Depuis lors, j’ai été pris de malaise, d’inconfort même en le regardant. Je me suis mis à sa place, j’ai pensé : pourrais-tu dire ce qu’il dit ?

C’est de la pitié ?

Très sommairement, on peut le dire ainsi.

GLOSSAIRE : les Mots de la « Zone »

Autorité : chef ou responsable des structures du Crime, disposant d’un groupe à ses ordres, au sein du pénitencier, du camp ou à l’extérieur.

Couleur : catégorie à laquelle appartient un détenu. Elle est déterminée en fonction du curriculum vitae criminel, de l’attitude du détenu dans la zone, de ses mœurs et de décisions prises par les « autorités » en place parmi les détenus. A chaque couleur correspond un code non-écrit des usages, des droits et des devoirs parmi les prisonniers.

Fiéin : langage spécifique aux camps et à l’univers carcéral.

Kremlin : baraque ou loge de l’Observateur. Dispose en général de nombreux avantages et privilèges.

Laquais : une des couleurs du bas de l’échelle hiérarchique.

Mat : argot formé sur quelques vocables à connotation sexuelle, dont l’usage est considéré comme dégradant dans la vie quotidienne de la société russe, mais peut être employé de manière courante et sous forme de langage dans la pègre ou par simples expressions à caractère vulgaire.

Moujik : en argot des camps, personnage important dans la hiérarchie des détenus. Responsable.

Notion : règle coutumière codifiant les comportements et leurs conséquences dans la zone. Les moujiks, et surtout l’Observateur, veillent à la faire respecter.

Obchtchak : caisse commune appartenant à un groupe criminel ou à une zone. Sert à financer les fournitures de nourriture, narcotiques ou autres jusque dans le camp, à assurer une aide aux familles de détenus, à assurer la défense de certains membres, etc.

Observateur : autorité informelle suprême de la Zone parmi les détenus. Dispose de pouvoirs étendus sur ses co-détenus grâce à ses hommes de main. Assure le respect de la Notion, et gère l’Obchtchak s’il existe. A ses relais dans le camp, dans les autres camps, dans la pègre à l’extérieur, dont il reçoit et à qui il transmet les informations nécessaires.

Putes : les « balances » du camp. Catégorie de détenus au service de l’administration pénitentiaire.

Vory v Zakone (littéralement « voleurs dans la loi ») : Rois de la pègre, selon la tradition russe et soviétique. Elite de grands criminels cooptés par leurs pairs, à l’autorité incontestée, dans la zone comme dans le monde extérieur, refusant habituellement de coopérer de quelque façon avec l’autorité et l’Etat.

Zek : (diminutif de zakliuchionny) prisonnier.

Zone : univers carcéral, ou une de ses composantes (camp à régime général, sévère, spécial, etc.).

Source Article from http://www.lemonde.fr/europe/article/2014/01/26/mikhail-khodorkovski-ma-vie-derriere-les-barbeles_4354524_3214.html
Source : Gros plan – Google Actualités

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